🏐 La France Divisée Contre Elle Même

Frontanti-Macron contre front républicain, dernier jour de campagne dans une France divisée Publié le 22/04/2022 à 11h59 par Tangi Salaün et Elizabeth Pineau LaFrance divisée contre elle-même book. Read reviews from world’s largest community for readers. . Le 15 janvier 1790, à Paris, l'Assemblée constituante établit la carte des départements français et fixe leur nombre à 83. Ce nouvel échelon administratif et démocratique sera appelé à un vif succès même si des voix s'élèvent aujourd'hui pour réclamer sa suppression note. Confusion administrative Les députés veulent mettre fin à la confusion administrative héritée d'un millénaire d'Histoire. Ils envisagent d'abord de créer des circonscriptions géométriques, à l'image des États américains. Le sage Mirabeau s'y oppose avec véhémence Je demande une division qui ne paraisse pas, en quelque sorte, une trop grande nouveauté; qui, si j'ose le dire, permette de composer avec les préjugés et même avec les erreurs, qui soit également désirée par toutes les provinces et fondée sur des rapports déjà connus.» Les nouvelles divisions sont baptisées départements», d'un vieux mot français qui appartient au vocabulaire administratif depuis le roi François 1er. Leurs limites respectent les anciennes provinces. C'est ainsi que la Bretagne et la Normandie sont divisées en cinq départements chacune. Leur taille est telle que chaque citoyen puisse accéder à son chef-lieu en une journée de cheval au maximum cette image traduit pour nos ancêtres le principe de proximité comme nous dirions aujourd'hui, à une époque où tout va plus vite, que l'on doit pouvoir se rendre au chef-lieu et en revenir en une demi-journée de voiture. Sans le savoir, les députés recréent de la sorte les anciens pays... de la Gaule d'avant les Romains. De nombreux chefs-lieux rappellent en effet les tribus gauloises locales. Amiens évoque les Ambiens, Beauvais les Bellovaques, Cahors les Cadurques, Nantes les Namnètes, Paris les Parisii, Poitiers les Pictones, Reims les Rèmes, Soissons les Suessiones, Vannes les Vénètes... Ainsi le département est-il la circonscription la mieux enracinée dans l'Histoire de France, en concurrence avec la commune, héritière des anciennes paroisses. Le département, un échelon sentimental et vital Au fond d'eux-mêmes, les Français restent très attachés à cette circonscription héritée de la Révolution. Elle demeure la principale circonscription de référence administrations de proximité, plaques minéralogiques, statistiques.... Grâce à elle se maintient tant bien que mal le vieux maillage urbain et rural face à la croissance débridée de quelques métropoles régionales. Les citoyens ont besoin de se raccrocher à une échelle de territoire où ils peuvent avoir l'impression de contrôler les organes de décision. Une échelle de solidarité. D'une certaine façon, cela explique la réussite administrative et psychologique des départements, qui bénéficient d'un attachement de leurs habitants d'autant plus grand à l'heure de la mondialisation », note Michel Collardelle, directeur du musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée Mucem, spécialiste des patrimoines culturels locaux. Et puis regardez ce qui se passe en Seine-Saint-Denis, où les jeunes ne disent même plus qu'ils habitent le 93 mais le neuf-trois. C'est un phénomène extraordinaire. Ne se sentant pas reconnus par la société, ils se sont inventé une identité à partir de leur département pour exister en tant qu'individus », insiste-t-il Des départements protestent contre la réforme des plaques d'immatriculation », La Croix, 28 janvier 2008, page 5. Publié ou mis à jour le 2022-01-17 142309 Par et Patrick Roger avec Richard Werly, Frédéric Dabi Émission du lundi 13 juin 2022 La vérité en face du lundi au vendredi à 9h30 ! Avec Richard Werly, correspondant du journal suisse Le Temps » en France, auteur de La France contre elle-même. De la démarcation de 1940 aux fractures d’aujourd’hui » aux Éditions Grasset et Frédéric Dabi. Les invités Richard Werly Correspondant du journal suisse Le Temps » en France, auteur de La France contre elle-même. De la démarcation de 1940 aux fractures d’aujourd’hui » aux Éditions Grasset Frédéric Dabi Faut-il –si l’on est de gauche- soutenir la manifestation du 10 novembre contre l’islamophobie sans s’être entendu sur cette notion islamophobie’ souvent utilisée pour dénoncer l’un des fondements de la gauche le combat de la raison contre l’abus des religions ? Faut-il, pour ces motifs, alors qu’il y a une libération de l’expression de la haine anti-musulmans, ne pas manifester ? Tempête sous les crânes. Les esprits de gauche sont tiraillés entre la défense du faible immigré de fraîche date ou Français musulman ségrégué même après trois générations et l’opposition à l’expression réactionnaire d’une partie très minoritaire mais bruyante et menaçante de ces deux populations victimes, via l’islamisme. Il était plus facile de s’opposer, au début du XXème, à la religion de ses propres parents, le catholicisme des dominants qui refusaient la République et le progrès. C’est vrai qu’une partie de la gauche d'aujourd’hui s’accommode bien des dérives islamistes qui n’ont rien à envier à ce que l’on appelait avant-guerre, le Parti catholique. La gauche était-elle vraiment plus unie à ce moment-là sur ces sujets ? Non... pas du tout, malgré une musique très entonnée en ce moment sur le thème la gauche c’était mieux avant !’ Hier, dans le Figaro, Jacques Julliard, ancien combattant de cette gauche fantasmée, disait, je cite Si Ferry, Clemenceau, Jaurès, Blum, Mendès revenaient, ils n’en croiraient pas leurs oreilles’. En réalité, ces icônes, avec des positions hétéroclites, s’écharpaient déjà sur ces thèmes à la sauce de leur époque. Clémenceau l’anticolonialiste humaniste détestait Ferry pro colonisation émancipatrice. Clémenceau le républicain laïcard et Jaurès le socialiste s’opposaient sur le rapport république/religion. Et que dire de Guesde et Jaurès sur l’affaire Dreyfus ou sur la notion même de République ? Définir la République a toujours été source de conflit à gauche. Quant à Blum et Mendès évoqués par Julliard, qu’auraient-ils dit sur l’islamophobie, sur les ghettos, le voile ? Répondre à ces questions si XXIème siècle... serait aussi anachronique que de se demander si Blum et Mendès auraient été Facebook ou Tweeter ! Julliard lui-même, avant d’être l’un des animateurs des pages débats du Figaro d’où il pleure sa gauche perdue, s’opposait durement à un autre nostalgique sur le contenu de la République Régis Debray. Julliard, alors rocardien démocrate contre Debray, chevènementiste Républicain. La gauche, en réalité, est souvent au cœur de contradictions inextricables. Et c’est normal quand on veut changer le cours des choses, que l’on croit au progrès humain et à l’émancipation, on est toujours tiraillé entre liberté et normes protectrices. Jean-Luc Mélenchon, qui disait du voile, en 2010, on ne peut pas se dire féministe en affichant un signe de soumission patriarcale’, est-il cohérent en annonçant qu’il va manifester le 10 décembre ? Répondre péremptoirement à cette question serait prétendre détenir un vrai morceau de la vraie croix républicaine ou de gauche. Stratégie à part, la gauche est éternellement divisée sur ces sujets. Souvent sincèrement... et souvent même au sein d’une même personne.

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